1 type ou type 1

29 avril 2009

Elle déambule dans les rues. Elle vous regarde. Elle vous trouve même beaux. Beaux lorsque vous mangez une crème glacée chez Bébert, au coin de la 4 ième. Oui, même lorsque vous en avez jusqu'en dessous du nez sans le savoir. Elle se promène un peu partout pour oublier qu'il ne l'oubliera pas. Jamais. Ce type est là depuis 8 ans et pour longtemps. Toujours...

Elle passe devant la vitrine de chez Croustade & cie. Elle apperçoit quelques femmes manger rondement le dessert-surprise du chef. Une bouchée pour la gourmandise, une autre pour la culpabilité... Elle aimerait presser le pas parce que le ciel menace de fendre en deux. Elle veut presser le pas mais elle devra fourrer sa main dans sa poche, prendre le lecteur, attendre qu'il crache le résultat, refourrer sa main dans son sac et manger sans goût une barre sucrée. Elle n'a pas envie. Alors elle continue de marcher en première vitesse pour ne pas trop prendre d'énergie.

Elle rentre chez elle, se sent tremblottante. Il lui tappe sur l'épaule, lui fait savoir qu'il est là même si elle l'a oublié durant quelques minutes. Pas besoin du lecteur, elle sait. Elle déchire le papier de la barre et l'engouffre d'un coup. Elle se demande qu'est ce qu'elle mettera sur la table ce soir. Elle a envie de faire un gros gâteau. Juste pour le plaisir de le sentir partout dans la maison. Elle se promet qu'elle ne léchera même pas le bol. Elle sait aussi qu'elle ne tient jamais ses promesses lorsqu'elle prépare des desserts. Alors elle se ravise et n'en fait pas.

Elle a soudain envie de le prendre par le collet lui.

- " D'accord j'ai compris. Je prendrai soin de moi maintenant. Je mangerai trois repas par jour je te le promets. Je mangerai équilibré, prendrai la ration de fruits & de légumes recommandé et ferai de l'exercice. Tu peux partir maintenant. J'ai eu une bonne frousse, je croyais devoir m'injecter de l'insuline le restant de ma vie, devoir calculer ce que je mange, je croyais vraiment que tu m'avais eu... "

Il ne bronchit pas. Il avait même l'air triste pour elle. S'il avait pu parlé, il lui aurait dit que ce n'était pas une histoire de légume ni de manque d'exercice. C'était comme ça. Un pancréas qui donne son 4 % comme ça. Un pancréas qui en a marre et décide que quelqu'un d'autre fera son travail à sa place. Elle comprit. Elle comprit que les injections c'était pour longtemps. Étonnement, elle accepta. ( A t-on vraiment le choix de tout façon ? )

Elle le revoit cogner à sa porte un soir d'hiver. Il était là dans l'ambulance avec elle. Et dans sa chambre d'hopital. En fait, il est toujours là depuis. Un fidèle quoi.

Elle le revoit et se souvient de l'avoir reconnu tout de suite grâce à son t-shirt. C'est qu'il s'habille bien Monsieur Diabète. Il a du goût. Presqu'autant que tout ces patisseries qu'elle désire en secret...

Par Rizada